de Johan Christoph Denner à la clarinette Resonance

La clarinette est une évolution du chalumeau, nom générique donné aux instruments à vent équipés d’anche (simple ou double) durant le Moyen-Age. Le chalumeau, qui a un nom différent selon le pays depuis lequel on en parle, est également l’ancêtre du hautbois. Comme nos lecteurs clarinettistes le savent sûrement, le registre bas de la clarinette en a gardé le nom ! Cet instrument, à la tessiture très limitée, fut toujours utilisé dans beaucoup de compositions, jusqu’au XVIIIe siècle.

1. Johann Christoph Denner

C’est au XVIIe que la clarinette voit le jour. Johann Christoph Denner, facteur à Nuremberg, dévoile en 1690, après plusieurs années de travail, un nouvel instrument. En ajoutant un pavillon et deux clés au chalumeau, il permet aux musiciens de jouer sur plusieurs registres ; la clé de registre (12e) notamment, qui permet de faire quintoyer la clarinette, passant du registre du chalumeau à celui du clairon.

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2. Le 18e siècle

Après sa mise au monde, la clarinette, sous sa forme initiale, soit avec seulement 2 clés, restait limitée à sa gamme diatonique naturelle. Les demi-tons (chromatismes) sont limités à quelques- uns, obtenus comme à la flûte à bec par des doigtés fourchus. Aussi, il manque le Si du registre du clairon pour lier la gamme du chalumeau à celui du haut, appelé registre du clairon. Quelques décennies plus tard, le corps du bas fut rallongé d’un demi-ton au MI grave, ce qui permit d’émettre le SI manquant du registre du clairon. Une troisième clé est créée, articulée par l’auriculaire gauche.

Afin de s’adapter au répertoire et de profiter de leurs différents caractères les clarinettes ont étés rapidement produites en différentes tonalités. En raison de la disparité des diapasons selon les régions, il fallait aussi des corps de différentes longueurs d’où la solution de construire l’instrument en plusieurs tronçons démontables.

Dans la deuxième moitié du 18e, la clarinette affirme sa présence en Europe et de plus en plus de d’artisans-facteurs en produisent. Son enseignement se développe, les compositeurs et les bons solistes popularisent petit à petit ce nouvel instrument. Mais cet instrument reste difficile à maîtriser et limité dans son développement, le chromatisme restant très pauvre. L’anche est encore placée au-dessus du bec, mais déjà la méthode de V. Roeser (1764) et Heinrich Bärmann (vers 1810) conseille de retourner le bec, l’anche étant désormais fixée en dessous.

Le développement de la clarinette se poursuit souvent par la collaboration d’un soliste et d’un bon artisan, généralement de manière empirique. Ainsi l’instrument à 5 clés, courant à l’époque de Mozart (fin du 18ème) est augmenté d’une 6ème clé (Do#-Sol#) en 1791 (méthode de Lefèvre, Paris). Rapidement d’autres modèles intégrant de nouvelles clés s’en suivent. Chaque clé supplémentaire facilite l’émission, l’intonation ou la technique de jeu. En 1827, Simiot (Lyon) produit des instruments jusqu’à 20 clés !

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3. Ywan Müller, une étape majeure

En 1812, Ywan Müller (1786-1854) soliste réputé originaire d’Estonie, à l’époque dans l’empire de Russie, présente aux experts du conservatoire Impérial de Paris un instrument comportant de nombreuses nouveautés : un concept chromatique de 13 clés avec de nouveaux tampons rembourrés avec sièges coniques, une ligature en métal ainsi que plusieurs autres aménagements. Il s’agit tout bonnement de la première clarinette intégralement chromatique de l’histoire sans avoir à utiliser des doigtés fourches. D’abord boudée par ces experts, elle devient rapidement un standard appelée « système à 13 clés » en oubliant soigneusement le nom de son créateur…

Les facteurs européens vont en produire jusqu’à la guerre de 1914 et plus. Le facteur belge Albert y rajoute une fonction et en exporte avec succès outre-mer sous le nom « système Albert » . Les clarinettes allemandes ‘’Bärmann ‘’, ‘’Ottensteiner’’ et ‘’Oehler’’ sont également des optimisations basées sur le principe de Müller. Cette clarinette à 13 clés de Müller est véritablement une étape majeure du développement vers la clarinette moderne.

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4.Le système « Boehm »

Louis Auguste Buffet (1789-1864) facteur d’instruments de musique à vent (oncle de Jean-Louis Buffet, fondateur de la marque éponyme actuelle) est approché dès 1838 par le nouveau professeur de la classe de clarinette du Conservatoire de Paris Hyacinthe Klosé (1808-1880), successeur depuis 1838 de Frédéric Beer. Une collaboration entre MM. Buffet et Klosé abouti à un projet de clarinette entièrement repensée, qui n’est pas basée sur les systèmes et doigtés utilisés jusqu’alors. La patente N°16036, déposée en décembre 1843 et acceptée le 19 fév. 1844 est intitulée « clarinette à anneaux mobiles ». Aussi, une première méthode par H. Klosé est publiée immédiatement. Cette clarinette a ensuite été associée au nom de Boehm en raison de la similitude de la clé à 3 anneaux de la main droite. Le nom de Boehm étant devenu très populaire en France grâce à ses magnifiques travaux dans le domaine de la flûte. Le nom « système Boehm » est désormais lié à la clarinette de Buffet/Klosé.

Cette nouvelle clarinette, de construction radicalement nouvelle, comporte de nombreuses créations très innovantes. Ce nouveau concept comprend 6 clés à anneaux et 17 clés standard, dont certaines sont doublées, dans sa forme de base. Il constitue un progrès notable en termes d’émission, d’intonation et d’ergonomie. Ce système s’est très largement imposé en France et progressivement à l’international dans le premier quart du 20e siècle, sauf en Allemagne et les pays sous influence germanophone. Les doigtés fourches ont disparu (sauf un) et l’homogénéité des sons est largement améliorée. Ce nouveau clétage partiellement doublé permet une grande virtuosité et l’excellence de l’école française à travers ses grands solistes va largement contribuer au succès mondial du « système appelé Boehm ».

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5. Les évolutions importantes en Allemagne

En Allemagne, pays de naissance de la clarinette, l’évolution continue sur la base du système Müller. De nombreux artisans-facteurs participent à l’évolution de cet instrument et quelques noms s’imposent :

Baermann-Ottensteiner

Ottensteiner (1815-1879) est un brillant constructeur établi à Munich (Bavière) et Carl Bärmann (1810-1885) est un soliste réputé, fils de Heinrich, également clarinettiste de premier ordre. Ensemble, ils développent un système à 18 clés qui porte le nom de « système Bärmann-Ottensteiner ». Une méthode écrite entre 1864 et 1875 va la populariser.

Oscar Oehler

Oscar Oehler (1858-1936), pendant son apprentissage de facteur d’orgues, se découvre une passion pour la clarinette et devient rapidement un excellent musicien. Il fera partie des membres fondateurs de l’orchestre philarmonique de Berlin entre 1881 et 1888. Parallèlement il devient connu comme réparateur et fabricant de becs. Il décide d’ouvrir en 1887 son atelier à Berlin. Jouant lui-même un instrument de type Baermann-Ottensteiner il en connait les moindres qualités et défauts et décide de manufacturer de tels instruments. Ses excellents contacts avec des artistes comme C.Bärmann et A.Neff vont l’aider à se focaliser sur des points à améliorer. Ses instruments vont bénéficier au cours des 3 prochaines décennies de nombreuses optimisations destinés à améliorer l’intonation, le timbre et l’homogénéité sonore. Un clétage plus complexe, comprenant de nombreux trous de résonance et de nouvelle liaison mécanique s’impose aux artistes. Son système est adopté très largement en Allemagne jusqu’à devenir un standard absolu, toujours d’actualité.  Il est appelé « Oehler System » ou parfois « Deutsche System ». Disparu en 1936, son successeur Joseph Rouschil poursuivra son œuvre jusqu’en 1963.

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6. Les créations d’Ernst Schmidt

Ernst Schmidt (1871-1954) est un clarinettiste originaire de la région de Mannheim. Perfectionniste, il propose des améliorations sur des instruments d’école allemande puis française. En collaboration avec le facteur Louis Kolbe il met au point dès 1905 un concept appelé « Schmidt-Kolbe ». Basé sur l’école allemande (Müller-Bärmann), il propose au moyen de trous et de clés supplémentaires de résonnance d’égaliser les timbres, l’émission et la justesse.

Plus tard, Ernst Schmidt conçoit le système « Boehm Reform » basé sur la clarinette crée par Buffet-Klosé. Ce concept est une combinaison entre une perce allemande, ainsi qu’un bec et des  anches allemandes appliqué aux doigtés Boehm. Il intègre 4 nouveaux trous de résonance afin d’unifier les timbres, l’émission et l’intonation. Aussi, il brevète en 1912 son système de « Sib clair » (génial principe de meilleure gestion du trou de douzièmes et du SI bémol de gorge). Il y intègre aussi des rouleaux sur les clés de l’auriculaire droit.

Le système « Boehm Reform » est repris et perfectionné par son successeur Fritz Wurlizer (1888-1984) puis par Herbert Wurlitzer, son fils. Le principe est également appliqué à la clarinette basse avec grande réussite.

Le projet Schmidt-Kolbe n’a malheureusement pas rencontré un succès durable, par contre, le système « Boehm Reform » est toujours d’actualité. Cependant, l’obligation d’utiliser bec et anches allemandes limite fortement son adoption en dehors des pays sous influence allemande

On doit à Ernst Schmidt l’application convaincante des trous de résonances ainsi qu’un système simple d’amélioration du SI bémol de gorge. De nos jours, le système est proposé par plusieurs artisans de haut niveau dont Seggelke à Bamberg.

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7. La clarinette Resonance

La clarinette Resonance est l’aboutissement de l’évolution de plus de trois siècles de cet instrument grâce à la démarche passionnée de René Hagmann, maître facteur à Genève (Servette-Music), associée à l’expertise du talentueux clarinettiste soliste international François Benda, Professeur des Académies de Berlin et de Bâle, ainsi que du réputé maître facteur de Bamberg Jochen Seggelke (Seggelke clarinetten).

Basée sur le système Boehm (doigté, bec et anches), cette clarinette est dotée d’une perce unique conçue par Jochen Seggelke. Inspirée en partie des travaux de Ernst Schmidt et de la progression chromatique de Theobald Boehm, elle crée une osmose entre les meilleures idées issues des cultures allemande et française.

Grâce entre-autres aux calibrages des 5 trous de résonance, l’émission devient très homogène. Le musicien découvrira de nouvelles sensations: une sonorité généreuse et flexible, une émission aisée et très homogène offrant de grandes possibilités dynamiques, ainsi qu’une excellente intonation.

Deux nouvelles liaisons mécaniques facilitent les passages difficiles. Le registre suraigu est très accessible et la constellation des harmoniques très riche. Elle est dotée des meilleurs tampons, d’une visserie optimisée, des bois de tout 1er choix (Grenadille ou Mopane) et d’un repose-pouce exclusif.

La clarinette Resonance est le reflet de 40 ans d’expérience, d’observation, d’inventions et de customisation. Elle est entièrement fabriquée à la main par des maîtres-facteurs.

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